Rédigé par Valentin Scemama, Expert Assurance chez Secursus.
Assurance Transport de Marchandises : Guide, Tarifs et Obligations (2026)
Dans un écosystème logistique où les chaînes d'approvisionnement se tendent et les volumes explosent, la sécurité financière des expéditions est devenue critique. Vol, casse, perte, avarie commune : le risque zéro n'existe pas une fois que la marchandise quitte votre entrepôt.
Pour les entreprises, une confusion coûteuse persiste souvent : penser que l'assurance "automatique" du transporteur suffit.
Ce guide expert décrypte les mécanismes d'indemnisation, distingue les types de contrats (compte propre vs compte d'autrui) et vous explique comment sécuriser vos marges grâce à une couverture Ad Valorem.
Préambule : De quelle assurance avez-vous besoin ?
Avant d'entrer dans le détail technique, il est crucial de distinguer deux situations logistiques radicalement différentes pour ne pas se tromper de contrat :
- Transport pour "Compte Propre" (Le véhicule de l'entreprise)
- C'est quoi ? Vous êtes artisan ou commerçant et vous transportez votre propre matériel/stock dans vos véhicules.
- L'assurance requise : Une garantie "Marchandises Transportées" souvent rattachée à votre contrat auto professionnel.
- Transport pour "Compte d'Autrui" (La cible de cet article)
- C'est quoi ? Vous êtes e-commerçant, industriel ou grossiste et vous confiez vos expéditions à des transporteurs tiers (DHL, UPS, Schenker, Kuehne+Nagel, etc.).
- L'assurance requise : Une assurance Ad Valorem (au colis ou au chiffre d'affaires). C'est le seul moyen de contourner les limites de responsabilité des transporteurs.
Le piège de la Responsabilité Civile du Transporteur
C'est le point de douleur n°1 des expéditeurs. Juridiquement, un transporteur est tenu à une obligation de résultat, mais sa responsabilité financière est plafonnée par la loi. Il ne vous rembourse pas la valeur de votre facture, mais un forfait au poids.
Les plafonds légaux d'indemnisation (2025)
Si vous ne souscrivez pas d'assurance tierce, voici ce que vous toucherez en cas de litige, selon les conventions internationales :
- Routier (Convention CMR) : Environ 23 € par kg (8,33 DTS).
- Aérien (Convention de Montréal) : Environ 22 € par kg (22 DTS).
- Maritime : Souvent limité par colis ou unité de chargement (très faible).
L'exemple concret : Le cas "High-Tech"
Imaginez que vous expédiez 5 ordinateurs portables.
- Valeur réelle : 5 000 €
- Poids total : 10 kg
- Remboursement Transporteur (sans assurance) : 10 kg x 23 € = 230 €.
- Perte sèche pour votre entreprise : 4 770 €.
De plus, le transporteur peut s'exonérer totalement (remboursement = 0 €) en cas de force majeure (braquage armé, catastrophe naturelle, émeutes).
La Solution : L'Assurance Ad Valorem ("Sur la valeur")
Contrairement à la responsabilité du transporteur qui est une assurance de "faute", l'assurance Ad Valorem est une assurance de "dommages". Elle a pour unique but de vous remettre dans la situation financière exacte d'avant le sinistre.
Tableau Comparatif : Responsabilité vs Ad Valorem
| Critère | Responsabilité Transporteur (Standard) | Assurance Ad Valorem (Secursus) |
|---|---|---|
| Base de remboursement | Poids (Forfaitaire) | Valeur réelle (Facture + Frais de port + 10%) |
| Preuve à fournir | Prouver la faute du transporteur | Prouver la matérialité du dommage |
| Force Majeure | Exonération (0€ remboursé) | Couvert (Vol, Incendie, Perte...) |
| Plafond | Très bas (ex: 23€/kg) | Élevé (jusqu'à 100 000€ et +) |
| Vitesse | Lente (bataille d'experts) | Rapide (gestion digitalisée) |
Focus : L'importance des Incoterms (International)
Si vous faites du grand export, les Incoterms® 2020 définissent qui doit assurer la marchandise.
- CIP (Carriage and Insurance Paid to) : Le vendeur doit fournir une assurance "Tous Risques" pour l'acheteur.
- CIF (Cost, Insurance and Freight) : Assurance minimale obligatoire (souvent insuffisante pour des biens sensibles). Pour tous les autres cas (EXW, FOB, DAP...), l'assurance n'est pas obligatoire, mais vitalement recommandée pour celui qui porte le risque.
Combien coûte une assurance transport de marchandises ?
C'est la question que tout le monde se pose. Le coût n'est pas fixe, il s'exprime en taux de prime (pourcentage de la valeur assurée).
L'option "Transporteur" (La solution de facilité) Les transporteurs proposent souvent de cocher une case "Assurance" lors de l'envoi.
- Tarif : Souvent élevé (entre 1% et 3% de la valeur).
- Inconvénient : Des exclusions nombreuses (bijoux, art, électronique souvent exclus) et des frais de dossier cachés.
L'option "Courtier Spécialisé" (La solution expert) En passant par une plateforme spécialisée comme Secursus, vous bénéficiez de taux négociés grâce à la mutualisation des volumes.
- Tarif : Généralement compris entre 0,6% et 1% selon la nature des biens et les destinations.
- Avantage : Un contrat sur-mesure qui couvre les produits souvent exclus par les transporteurs classiques (Montres, Vin, High-Tech, etc.).
Secteurs : Pourquoi la couverture générique ne suffit pas
Chaque industrie possède ses propres risques. Une police d'assurance "sur étagère" est rarement adaptée.
- Vins & Spiritueux : Le risque principal est la casse et le vol. Votre assurance doit couvrir la valeur de la bouteille mais aussi les droits et taxes douaniers éventuels.
- Produits High-Tech : Cible privilégiée des vols dans les entrepôts. Il est crucial de vérifier que votre contrat couvre le vol sans effraction apparente (disparition inexpliquée).
- Art & Luxe : La valeur est parfois subjective. L'assurance doit se baser sur une "valeur agréée" ou une facture incontestable pour éviter les décotes pour vétusté.
En cas de sinistre : La règle d'or (Article L. 133-3)
Même la meilleure assurance du monde ne pourra pas vous indemniser si vous ne respectez pas les procédures de réception. Selon l'article L. 133-3 du Code de commerce :
"Le destinataire doit émettre des réserves précises, datées et signées sur le titre de transport au moment de la livraison."
Les 3 commandements de la réception :
- Refuser les mentions inutiles type "Sous réserve de déballage" (aucune valeur juridique).
- Décrire le dommage : "Carton enfoncé, scotch arraché, bruit de casse suspect".
- Déclarer le sinistre à votre assureur sous 2 à 3 jours ouvrés maximum.
Conclusion
L'assurance transport de marchandises n'est pas une simple formalité administrative : c'est la seule barrière entre un incident logistique banal et une perte financière majeure pour votre entreprise.
Ne laissez pas vos marges dépendre de la chance ou de la conduite d'un chauffeur inconnu. Prenez le contrôle de vos risques en optant pour une véritable couverture Ad Valorem.


